• En baissant ses prévisions, la Réserve fédérale se rapproche nettement des anticipations des marchés (telles que reflétées dans les prix des contrats à terme de taux d’intérêts). Nous prévoyons une à deux hausses de taux directeurs en 2016. Les indicateurs d’inflation sont en nette hausse (si l’on fait abstraction du seul effet du pétrole) sous l’effet, notamment, de l’amélioration du marché du travail. Il sera de ce fait difficile pour la Fed de rester sans réagir.
• Nous continuons, cependant, de penser que l’économie américaine va progressivement décélérer. L’industrie se stabilise après un passage à vide fin 2015, mais la consommation, principal moteur de l’économie, aura du mal à maintenir en 2016 une dynamique aussi forte que l’année dernière. • En zone euro, la reprise continue. Les bons chiffres de la production industrielle sont très encourageants alors que les turbulences financières du début de l’année avaient semé quelques doutes.
• Essentielles pour contrecarrer le risque déflationniste et les tensions financières, les mesures annoncées par la Banque centrale européenne (BCE) n’auront cependant, de notre point de vue, qu’un effet limité sur la croissance. Malgré des conditions domestiques en amélioration, celle-ci aura en effet du mal à accélérer compte tenu de l’environnement externe difficile. • Concernant les marchés d’actions, la question est maintenant de savoir si, après un rebond de 4 semaines, le rallye va pouvoir se poursuivre alors qu’il est déjà du même ordre de grandeur que le rebond qui avait suivi la débâcle du mois d’août (rallye de 10 à 15% selon les indices). Il nous semble que la réponse sera apportée par les prix du pétrole et une reprise de l’activité manufacturière mondiale plus que par les annonces des grandes banques centrales, qui ont tendance à se neutraliser, en tout cas en ce qui concerne leur effet sur le change et donc sur les profits des sociétés.
• Le retour de l’inflation en territoire négatif augmente les attentes vis-à-vis la Banque centrale européenne, qui va probablement, lors de son comité de politique monétaire du 10 mars, annoncer au moins une nouvelle extension de son programme d’achats d’actifs et une nouvelle baisse du taux de rémunération des dépôts. Il lui faudra cependant également trouver une façon de mitiger l’effet de cette dernière mesure sur la profitabilité des banques, afin de ne pas risquer de mettre en péril la distribution de crédit au secteur privé. • Les chiffres plutôt rassurants à propos des Etats-Unis confortent notre idée que la Réserve fédérale (Fed) remontera une nouvelle fois ses taux directeurs en 2016. Les taux longs devraient remonter un peu davantage sur la seconde partie de l’année, avec notamment une remontée probable de l’inflation (effets de base et fin de l’appréciation du dollar). Concernant les taux européens, nous continuons de penser qu’un positionnement sur l’Espagne et l’Italie est intéressant.
• Malgré plusieurs épisodes de tensions (crise grecque, crainte de contagion des difficultés des pays émergents) et une forte volatilité sur les marchés, l’année 2015 se termine, pour la zone euro, sur un bilan plutôt positif. La reprise économique a été un peu plus forte que ce qui était attendu fin 2014. La performance des actions, cependant, est un peu décevante (mais, en France, l’indice CAC 40 a tout de même progressé de 8,5% sur l’année).
• Les principaux facteurs qui ont joué positivement en 2015 (politique monétaire très accommodante, remise en ordre de marche des systèmes bancaires dans les pays les plus touchés par la crise, reflux de l’austérité) vont continuer de soutenir la croissance en 2016 ce qui incite plutôt à l’optimisme. Néanmoins, il faut garder à l’esprit que l’année qui commence ne sera pas non plus de tout repos: si les risques internes (déflation, risque de sortie de la Grèce) à la zone euro semblent avoir diminué, les risques externes (difficultés des pays émergents, possible essoufflement de la croissance américaine) ont augmenté. Par ailleurs, l’effet d’aubaine généré, pour les consommateurs, par la baisse du cours du pétrole en 2015, ne pourra être répété avec la même intensité.